FATEMA BINET OUAKKA |
CRITIQUES D'ART |
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Le Lundi 23 juin 2014
Fatema Binet-Ouakka
et Najia Mehadji invitées par Nelly Jussmann,
Présidente du Musicality-club,
exposent à Shangri-la Hôtel Paris,
durant le récital.
Au piano Rita Saher, Dina Bensaid et Marouan Benabdellah.

Fatema Binet-Ouakka avec la Pianiste Rita Saher |
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Fatema Binet-Ouakka avec Son Excellence Monsieur l'Ambassadeur du Maroc en France
Chakib Benmoussa |
Marouan Benabdellah
entouré de Fatema Binet Ouakka et Tarik Ramdani |
A priori, rien ne rapproche Fatema Binet Ouakka et Najia Mehadji sinon qu’il s’agit de deux plasticiennes d’origine marocaine, toutes deux liées à la ville de Fès, qui vivent, pour l’essentiel, en France dans la région parisienne.
Outre leurs différences de génération et de notoriété, l’une, Fatema Binet Ouakka produit une peinture plutôt abstraite, même si elle est, en réalité, le plus souvent semi-figurative. Il s’agit d’une coloriste jouant toujours de multiples couleurs dans un même tableau, y compris dans les fonds.
L’autre, Najia Mehadji, prolonge l’art arabo-musulman dans ses formes géométriques ou végétales en produisant, parfois à l’ordinateur, des interprétations contemporaines avec des formes monochromes sur des fonds homogènes traités en aplats.
Et pourtant, le refus de la figuration mimétique, qui n’est pas absolu, chez la première, peut renvoyer à une même origine culturelle (que l’on aurait tort de croire musulmane). De même, la seconde, lorsqu’on rapproche ses œuvres, dispose d’une importante palette même si elle a une préférence visible pour le rouge.
De plus, ses travaux ne font plus référence à l’idée d’infini, fondement essentiel de l’art arabo-musulman, mais ils sont une mise en forme du temps qui se déroule, depuis une origine placée au centre ou sous la toile, par la gestualité d’une artiste parfaitement individualisée. On a là deux tentations, toutes deux liées à la sécularisation, de l’art contemporain dans un pays arabe qui est le Maroc.
Jean François Clément |

Orangerie du Sénat
DIALOGUES
Le Maroc ressemble à un arbre dont les
racines nourricières plongent profondément
dans la terre d'Afrique et qui respire grâce à
son feuillage bruissant aux vents d'Europe. »
Feu Sa Majesté le Roi Hassan II.
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Evénement: Dialogues
Lieu: ORANGERIE DU SENAT
Fin :16 juin, 2013 19:00
Catégorie: Arts visuels
Adresse :15 rue de Vaugirard - 75006 Paris, France

Certes celui qui observe le continent africain pourrait à nouveau céder à l'afro-pessimisme qu'il s'agisse des situations économiques marquées par la corruption, un mauvaise redistribution des richesses ou des fiscalités inéquitables, ou politiques. À commencer par ce que l’on voit au Mali, mais on pourrait aussi penser à la Guinée-Bissau, à la Somalie, à d’autres pays du Sahel ou de la Corne de l’Afrique. Toutefois, on peut aussi constater des taux de croissance de plus de 5 % ou des évolutions très rapides des PIB comme dans la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Une nouvelle dynamique vient d’apparaître en Afrique, ce qui en fera, très certainement, un continent essentiel au XXIe siècle.
Les artistes africains participent déjà à ce mouvement. Qu’il s’agisse de subvertir les discours dominants, de l’africanisme passé ou actuels, ou d’annoncer de futurs discours encore inarticulés, les artistes sont présents avec des œuvres qui sortent des cadres conceptuels opposant l’œuvre d’art à des œuvres fonctionnelles sur le plan technique ou comme support de sacralité. La peinture donne une capacité d’anticiper des évolutions sociales que l’on exprime, en dehors de toute construction intellectuelle, par des formes et des couleurs qu’il faut savoir interpréter. Ces artistes, de multiples façons, aussi diverses que le fut l’art africain des siècles passés, posent de nouvelles fondamentales comme les droits de l’homme, l’exigence de liberté, la construction de la paix, le respect de l’environnement ou encore l’accès aux ressources à commencer par les siennes propres.
A-t-on assez remarqué le sourire permanent sur le visage de Nelson Mandela? C’est celui d’un homme revenu de tout qui a tenté une stratégie non violente pour commencer son combat contre la ségrégation. Mais, conscient de son échec, il a créé la branche militaire de l’ANC. Puis il est dénoncé par les services américains pour finir, lors du procès de Rivonia, par être condamné à perpétuité.
Il connaît alors une sorte de calvaire, ce que je symbolise par un visage au regard étrange, marqué par des tons blancs, mais il s’agit d’un blanc substantiel et non pas d’une couleur parmi d’autres. C’est une couleur qui cesse d’être une couleur. Parce que ce regard exprime un message très fort malgré la violence ou au-delà d’elle. Et là, je me souviens d’autres engagés comme Martin Luther King ou comme Léopold Sedar Senghor pour dépersonnaliser ce visage qui pourrait aussi être celui de chacun d’entre nous. Et soudain, je repense à Muhieddine ibn Arabi : «l’amour est ma religion.»
Et c’est cet homme, qui lutte actuellement contre la mort, qui maintenant mérite un hommage pour que sa mémoire soit maintenue. C’est ce que j’exprime à travers mon travail intitulé «Vivre» qui est une synthèse possible plus de quarante ans de luttes. Car éviter d’abord une guerre civile, devenir ensuite le premier Président noir de la République d’Afrique du Sud, cela suffit. Il est ainsi des trésors vivants de l’humanité.
J’ai salué l’engagement de cet homme en faveur d’une société multiculturelle où la lutte entre les hommes se déplace contre la pauvreté ou le sida, contre l’irrespect des droits de l’homme également. Voilà le message essentiel associé à ce tableau créé par une femme marocaine.
Savoir choisir les vrais adversaires est capital. Ceci avait déjà été exprimé lors de la journée de la femme à l’UNESCO au nom des 22 délégations des États Arabes. Cette même idée a été répétée lors de la semaine du patrimoine africain, toujours à l’UNESCO. C’est cette même exposition qui fait maintenant escale pour une exposition à l’Orangerie du Sénat au cours de ce mois de juin 2013.
Cette exposition comporte 30 œuvres originaires de la République sud- africaine sélectionnées par le comité sud-africain ou SANAVA et 60 œuvres françaises choisies par le CNFAP. Ce Conseil National Français des Arts Plastiques (ou CNFAP) est le promoteur de cette exposition intitulée «Dialogues ». Le CNFAP est également le comité français de l’Association internationale des arts plastiques (AIAP), une ONG agréée par l’UNESCO.
Afin de favoriser des échanges d’artistes, le CNFAP organise depuis 2008 des expositions communes aux comités de différents pays. Après l’Italie (en 2008-2009), l’Afrique du Sud a été choisie pour la période 2012-2013. Le comité sud-africain de la SANAVA a répondu favorablement à cette proposition dans le cadre des Saisons Croisées. Nous ne pouvons que l’en remercier. Fatema Binet Ouakka
Artiste plasticienne
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Discours de M. Jean-Pierre BEL, Président du Sénat
Inauguration de l’exposition « Dialogues »
organisée dans le cadre des
Saisons Afrique du Sud-France 2012 & 2013
Mercredi 5 juin 2013 - 18 heures (Orangerie du Sénat)
À travers l’exposition « Dialogues », l’art constitue une fois de plus un vecteur essentiel pour amener le public à réfléchir sur le monde qui l’entoure et à prendre conscience de la valeur de la liberté d’expression.
C’est un très grand honneur pour le Sénat de mettre ainsi en valeur les talents de nos amis sud-africains.
Certains, ici, ont également depuis longtemps une admiration pour ces formidables représentants de l’Afrique du Sud que sont les Springboks. Mais c’est une autre histoire... Les dialogues que nous proposent cette exposition, ce sont les dialogues entre les cultures de nos deux pays, ce sont des échanges placés sous le règne de la diversité, pour favoriser une meilleure connaissance de nos deux pays.
Cher Laurent CLAVEL, Cher Robert HUE,
Cher Xavier DARCOS,
Début: 6 juin, 2013 11:00
Depuis quelques années, la Haute Assemblée a souhaité s’associer aux saisons croisées organisées par la France. Ainsi, après la Turquie et la Russie, l’Afrique du Sud est aujourd’hui à l’honneur.
En 2012 SANAVA a reçu les œuvres de 30 artistes du CNFAP à PRETORIA pendant deux semaines au mois d’Aout dernier. Cette exposition a permis des rencontres entre des artistes français et sud Africains.
En août 2012, le SANAVA avait exposé trente œuvres d’artistes français dans sa galerie à Pretoria. Aujourd’hui, vous pouvez découvrir, dans un même lieu, trente- huit œuvres d’artistes sud-africains auxquelles viennent répondre soixante-treize œuvres d’artistes français.
En effet, l’intérêt réciproque qui semble exister entre l’Afrique du Sud et la France se manifeste particulièrement dans le domaine culturel dans cette exposition conçue par le Conseil National Français des Arts Plastiques -CNFAP- et the South African National Association for the Visual Arts –SANAVA-, membres de l’Association Internationale des Arts Plastiques.
Je remercie Mme Linda SHONGWE, Ministre plénipotentiaire chargée d’affaires à l’ambassade d’Afrique du Sud en France, M. Robert HUE, Président du groupe interparlementaire d'amitié France-Afrique du Sud, M. Laurent CLAVEL, Commissaire général des Saisons pour la France, M. Bongani TEMBE, Commissaire général des Saisons pour l’Afrique du Sud, M. Dikgang MOOPELOA, Président des Saisons pour l’Afrique du Sud et M. Xavier DARCOS, Président de l’Institut Français, pour leur collaboration très active au service de la singularité de la relation d’amitié qui existe entre l’Afrique du Sud et la France.
Je tenais aussi à mettre en lumière le travail réalisé par MM. Didier GUILLAUME et Jean-Claude CARLE, Vice-Présidents du Sénat, ainsi que leurs collègues, membres de la Délégation chargée de la Communication et des Relations avec la Chaîne parlementaire, qui font de cette Orangerie un lieu d’expositions privilégié.
Je suis très heureux de vous accueillir à l’Orangerie du Sénat pour l’inauguration d’une l’exposition qui porte un titre bien choisi, « Dialogues », organisée dans le cadre des Saisons Afrique du Sud-France 2012 & 2013.
Alors que la Tour Eiffel s’est illuminée aux couleurs de l’Afrique du Sud le 28 mai dernier, lors du lancement des Saisons, je veux d’abord avoir une pensée pour Nelson Mandela, Président de la République d’Afrique du Sud de 1994 à 1999. Par son courage dans sa lutte contre l’apartheid et pour la dignité de l’homme, il occupe durant cette saison une place éminente, notamment à travers l’exposition qui lui est consacrée à l’Hôtel de Ville de Paris. Je souhaite lui rendre ce soir un hommage particulier.
Je veux d’ailleurs remercier ici M. André HERVIO, Président du CNFAP, et M. Anton LOUBSER, Vice-président du SANAVA, sans qui cette exposition n’aurait pu avoir lieu.
Je vous remercie et je vous souhaite à tous une très agréable soirée. |
2012
Bonjour Fatéma,
J'ai visité ton site et j'en reste comblé. Grand talent, merci pour
ce merveilleux voyage dans ton univers d'harmonie et de matières
recherchées avec sobriété et un équilibre digne des grands architectes
de tous les temps. Ton univers respire la beauté et la culture
maîtrisées.
Heureux de t'avoir rencontré, tu aimes la perfection et le bonheur de
vivre.
Amitié
Yves et Frédérique de Closets. |
2011

Dans le récit de vie de Fatima Binet Ouakka ont prédominé, intervallaires, les mauvais coups du sort, la souffrance et un sentiment angoissant de la précarité des choses. A bien des égards, c’est un chemin des ordalies dont elle est sortie fortifiée pour ainsi dire et plus combative que jamais. Pour la chronique, elle avait commencé par être bergère dans la région des Ait Sadden dont elle est native, près de Fès, avant de s’expatrier.
Arrivée en France, elle s’était mariée et avait préparé un diplôme en psychologie. Intégrant par le fait du hasard un atelier de peinture, son arrivée à l’art et à la découverte des formes et des couleurs était vécue à la fois comme une libération et une révélation. Alors les expositions individuelles et collectives se sont multipliées depuis 1994 (Paris, Allemagne, Chine, Malaisie…), mettant au jour une création plastique d’un dynamisme époustouflant, original, que pas mal de médailles d’or, d’argent, de distinctions honorifiques sont venues consacrées à juste titre.
Son élection cette année comme membre du jury de la Biennale de Moscou est une autre manière de reconnaître son talent.
Chez Fatima Binet Ouakka, tout est à identifier comme style. Dès le départ, l’artiste a peint comme si elle avait accès à son inconscient dont elle a peu de raison de craindre le contenu. Issue d’expériences vécues fortement intériorisées, la peinture affiche une vitalité du mouvement telle qu’on ne peut pas prévoir ce qui va arriver. Une fois à l’œuvre, l’artiste est littéralement emportée par sa fougue où se mêlent transe, jeu sérieux, dépassement de soi…
Gaies, burlesques ou dramatiques, les formes en aplats, juxtaposées, se chevauchant ou s’imbriquant au moyen des touches, s’articulent de manière frénétique et quasi dionysiaque.
D’un travail à l’autre, la composition se donne tel un agrégat de suggestions et d’évidences qui, sans vouloir rien montrer au fond, nous laissent décider si l’acte pictural a effectivement eu lieu dans toute sa vigueur ou non. Un acte charriant des résidus d’expériences plastiques antérieures, de mouvements simultanés, des contrastes évoquant un cubisme analytique débridé. Mais le désir abstractif est là comme un refoulé tout en nerfs, qui attend de déferler et qui finit par imprégner la technique et la basculer dans un expressionnisme en rupture de cercle, c’est-à-dire typique et porteur de nouvelles valeurs.
Certes, Fatima Binet Ouakka abstrait parce qu’elle est hantée par le rythme, un rythme qui composerait à lui seul le sens de sa peinture, n’étaient les connotations figuratives qui se réfèrent ici et là à sa personnalité, sa biographie, voire même à l’histoire de l’art, et qui se lisent en filigrane comme des projections mentales, des « divagations » oniriques : autant d’effets, de graphisme et de signes à caractère identitaire et narratif. C’est une peinture qui reste liée à l’expression et à la sensibilité, et perpétue un modernisme plastique, dont le modèle symbolique est Nicolas de Staël.
Des éléments figuratifs, rappelant des personnages dans diverses postures, souvent en arrière-plan, font penser à des dessins d’enfants soumis à des exercices mnémoniques. Fatima Binet Ouakka semble parfois creuser dans un vécu qui frise le miroir, mais qu’elle fait tôt de singulariser dans des juxtapositions inédites. Elle ne voudrait pas tomber dans le décoratif ni trahir une mémoire qui, dévoilée, pourrait n’être qu’un faux-semblant naturaliste. Créatrice de génie (dans le sens propre du mot : génitrice engendrant un être nouveau), elle cherche à repérer, comme chez les abstraits lyriques français, dans un espace panoptique (ici supposé celui de la toile), au-delà des conventions plastiques telles la planéité, les lignes-contour, les touches répétées, ce qui lui permettra, sans avoir trop à discuter ni à argumenter, d’installer définitivement l’autorité de son geste qui ne sera pas un acte ni un serment de foi, mais l’expression d’une force innée, qui peut s’interpréter par elle-même. Car, dit à propos Nietzsche, un art qui a d’abord besoin d’être prouvé ne vaut pas grand-chose.
Les œuvres de Fatima Binet Ouakka, qui inaugurent la nouvelle galerie casablancaise « Ces-arts » racontent un parcours artistique des plus aspectés. Encadrées ou sans châssis (comme chez les supports-surfaciens), elles dénotent l’apport considérable d’une palette proprement déroutante, qui donne, dans le contexte marocain actuel, l’approche esthétique et le raisonnement théorique à l’appui, un fort pressentiment de renaissance.
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Abderrahman Benhamza est un écrivain marocain né en 1952 à Marrakech.
Abderrahman Benhamza est considéré parmi les auteurs les plus remarqués
de la littérature française et de la critique d'art au Maroc.
Parmi ses oeuvres et ses livres, on trouve :
''Le Voyageur'' (1975),
''Lumières fragiles et profonds déserts'' (1977),
''Chant en do mineur'' (1981) et
''D'un sommeil à l'autre'',
''C'est ici que ça se passe'' poète en français (2007)... etc. |

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Abderrahman Benhamza |
Fatima Binet Ouakka

L’Art et la Culture Marocaine en voyage
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De l 'Arménie où elle nous revient ...
Fatima Binet Ouakka participe à une exposition internationale de peinture et de sculpture au Musée National d’Erevan, en Arménie, du 11 au 24 septembre 2009.
Dès sa plus jeune enfance, elle a vécu dans le mélange des civilisations et des cultures. Dans la région de Fès, où elle fait ses premiers pas, son entourage familial l’incite à ouvrir les portes de l’univers.
Découvrant la peinture au hasard d’un passage dans un atelier d’art plastique à Paris, elle se laisse entraîner au fil de sa curiosité et de son inspiration.
Devenu professeur d’Art plastique auxiliaire dans un lycée français, elle suit des cours à l’école du Louvres et dans différents ateliers de peinture. Ses recherches en couleur la mènent progressivement vers l’attirance instinctive du bleu, lui rappelant la proximité de ces racines.
La notoriété de Fatima Binet Ouakka prend rapidement une dimension internationale. Fidèle aux essences de sa terre natale, elle favorise les échanges, le partage et de dialogue dans le monde.
Reconnue dans son art en tant qu'artiste universelle, elle trouve aussi une place en tant que vecteur d’une culture qu’elle aime par-dessus tout : celle de son pays le Maroc. |
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Joël CONTE
Président des Rencontres Européennes Euro poésie
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Exposition « RACINES AU PLURIEL »
GALERIE CES ARTS à CASABLANCA MAROC
Fatima Binet-Ouakka, artiste du réel absolu…
Sur la paix de l’instant, ses peintures sont parenthèses de soleil, bleu mouvant de la mer. Comme des mouvements retenus prêts à jaillir, les visages multipliés traversent les routes de l’exil pour nous insérer dans l’épaisseur du temps.
La coulée de lumière inaugure la rencontre de l’océan et du ciel sur l’horizon, goutte infime ou fragment anonyme, les échos du souk livrés au calme du souvenir sont un éventail de possibles.
Êtres racinés dans la terre rouge, la pudeur est une secrète présence où le nomade s’arrête sur le seuil. Chaleur d’une voix dans la transparence de la brume, Fatima Binet-Ouakka est un souffle venu des abîmes du songe qui invite à l’éclat de la conscience.
Suivant le sentier du retour, chargées de mots et de larmes, ses toiles se font hymne d'amour, étincelantes dans le teint hâlé des racines, beauté de la fraternité des humains.
Ses yeux explorent des bouts du monde discrets, les rues gorgées de rayons ardents, un silence précédant l'aube, flamme qui brille au plus profond des êtres, ivresse de sommets d’où jaillissent des frontières inaccessibles…
Sensibilité solide au dehors, ébréchée en dedans, vertige de cette étrangeté à soi, Fatima remet inlassablement sur l'ouvrage ce que ses sens ont perçu, son monde n'a rien de virtuel, il est un monde perceptif et émotif où l’Autre est le réceptacle d’une musique intérieure en éveil.
Ivre de la sensualité de l'instant, yeux ouverts sur l’aile du temps, cette exposition est l’ultime défi au bleu du ciel pour entrer dans une quête de soi…chant discret de nos retrouvailles avec nous-mêmes…ses tableaux sont des perles rares loin des rivages agités du monde.
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Morad EL HATTAB, écrivain-philosophe,
Lauréat du Prix Littéraire pour la Paix et la Tolérance.
Auteur des Chroniques d’un buveur de lune (Ed. Albin Michel) |
ARTICLES PARUS DANS "Courrier des galeries en 2000"
Binet Fatima Ouakka
Notre destin n'est-il pas écrit avec la main du
hasard et ne sommes-nous pas, en quelque sorte, l'œuvre
de la précarité ?
C'est la raison pour laquelle
nous cherchons à survivre, à durer à travers
la peinture, la poésie ou la musique.
Ainsi se définit
Fatima Binet : « Je me suis mise à la peinture
par hasard et sans l'avoir décidé...
Il y
a quelques années, je me suis trouvée devant
un chevalet pour peindre. Dès le premier contact
avec la peinture,
j'ai immédiatement compris
que
ma vie allait se lier à la toile. J'ai ressenti
une passion charnelle que les mots ne peuvent exprimer...
Ma première toile a obtenu un prix... J'étais étonnée
du résultat et ce succès me gênait.
J'ai alors fréquenté des ateliers de peinture
et
je me suis mise à peindre nuit et jour ».
Fatima Binet organise les signes du hasard ceinture la
toile de la ferveur originelle,
habille la toile d'un voile
de pudeur et déshabille le corps des femmes.
Elle
peint ses œuvres aux couleurs d'argile et d'azur,
de terre et de ciel et restitue le plus secret d'elle-même.
Dans ses rapports avec la toile, Fatima Binet est totale,
entière et authentique.
Que cherche donc à transmettre
cette femme dévorée par le besoin de dire
vrai et qui considère la toile comme un miroir devant
lui révéler l'image de son âme ?
A
cela, elle répond que lorsqu'elle tient un pinceau,
elle ne sait pas du tout ce qu'elle va peindre. Les choses
prennent forme petit à petit.
Au début,
Fatima
met les couleurs spontanément, sans réfléchir
où elle les pose. Elle ne cherche ni l'harmonie,
ni la composition, ni l'ordre, ni le sens, ni la forme,
ni la figure.
Une fois les couleurs posées, elle
arrête de peindre et ne reprend la toile que quelques
jours plus tard. C'est alors que la toile se donne à elle
et lui livre ses secrets.
Les personnages commencent à apparaître
et elle n'a plus qu'à les entourer avec du fusain.
Les ambiances de couleurs mêlées à la
vapeur enlacent de jolis corps de femmes
déambulant
dans la pénombre. Cette plasticité érotique
donne à rêver et l'émotion du hasard
prend place dans la volonté du destin.
Fatima Binet exprime la générosité des gens
pittoresques de ses villages en rehaussant la toile par
le rappel subtil de la géométrie, des tissages,
et des couleurs
de sa ville bien aimée Fès à ses
bleue, à s’y perdre !.
Elle plonge dans
le flou du hammam qui est un espace de toilette, mais aussi
de séduction et de plaisir. Elle rend hommage à l'éternel
féminin,
ce qui rend son œuvre encore plus
sensuelle.
Depuis la particularité culturelle de
son pays, elle arrive à exprimer quelque chose d'universel.
Fatima Binet se cherche dans cette double identité qui
fait à la fois sa force et sa faiblesse.
Fatima
poursuit son aventure picturale consciente que le tableau
se fait de lui-même et qu'elle n'est là que
pour l'aider à s'accomplir.
Elle est enfin déterminée à poursuivre
sa quête picturale avec beaucoup d'amour.
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Mustapha Chelbi
Critique d'art |
" Il faut bien comprendre que l'art n'existe que s'il prolonge un cri, un rire ou une plainte. "
Jean Cocteau
Cette citation convient bien à l'oeuvre de Fatima
Binet Ouakka.
En fonction de nos humeurs, états d'âme et sentiments
de l'instant, l'artiste nous fait faire
une sorte de "tambouille" dans notre chaudron mental.
"Ca fait réfléchir" disent certains, "c'est revigorant" commentent les autres, "un
effet miroir" disent les plus contemplatifs.
Moi, je dirais que c 'est généreux, comme une
ode à la vie, à l'image de Fatima. |
Gilles Trichart
"Journaliste Ecrivain"
Reportage Paris Match |
LE PEINTRE,
Une première rencontre avec la peinture de Fatima
est joyeuse, colorée, parfois interpellante dans une
certaine brutalité - c'est bien sûr, d'un itinéraire
personnel dont je vous parle. Dès la seconde, son art
imprègne peu à peu, circonvient, - et parfois
envoûte.
Ses bleus, dans leur variété,
sont un régal, ses rouges toujours traités avec
pudeur, de la palette de ses verts émergent toute la
tendresse du monde. Ses ors, qui s'étalent du roux
sombre à la lumière la plus éclatante
- souvent dans le même tableau - s'apparentent davantage,
au contraire, à mes yeux, à une dérive
des continents dont on pressent qu'elle se nourrit d'une farouche
tectonique des plaques surgie des tréfonds d'une âme
plus violente, tumultueuse, passionnée que ne le laisserait
supposer la lisse surface de sa tranquille houle océane
personnelle.
De ce cocktail fort, volatile et probablement
hautement inflammable, interpellant une œuvre riche,
complexe, très personnelle, résolument non figurative.
Fatima aime à l'évidence les grandes toiles,
mais tous les formats et toutes les techniques et illuminent
le désordre de son atelier, la verticalité des
murs où ses toiles sont accrochées, la danse
des cimaises d'expositions choisies où leur créatrice
sait élégamment mettre en valeur ses oeuvres
ou ses recherches.
L' ARTISTE
Au delà du peintre, l'artiste. Car l'art, chez Fatima,
est un jour devenu Vie. Elle double sa vision première
de la richesse d'une nouvelle expression : une schizophrénie
'positive', comme on dit de nos jours. En effet, l'hologramme
de la styliste se démarque désormais peu à peu
de la silhouette de la femme peintre. Formes et couleurs ont
migré de la toile vers les tissus et habillent désormais
les femmes - en des modèles uniques - dans l'éblouissement
du mouvement de la vie. A voir, à admirer et à porter...
LA FEMME,
Enfin, et d'abords ses regards. Ceux de ses personnages,
vides ou habités, croisés ou terrifiants dans
leurs évocations - voir le nom de certaines de ses
toiles - surgis du fonds des temps, de l'histoire ou des lieux
(Ô Berbérie chérie !).
Le sien, surtout. Toujours noir, en première impression, même si
ce n'est pas la couleur de ses yeux. Toujours voilé par
la frange épaisse derrière laquelle elle s'abrite,
se masque ou se réfugie, frange reflet dans ses yeux
des murs de défense des citadelles ocres de son Maroc
natal. S' y plonger, ne serait-ce qu'un instant, c'est prendre
le risque considérable, déjà chanté par
Aragon, d'y 'perdre toute mémoire'.
Merci Fatima, creuset
des rencontres, de toutes tes cultures, la berbère,
la marocaine, la française... l'africaine et l'européenne,
de tous tes cadeaux. Ils portent les plus beaux noms du monde
: Générosité et Amour. |
Jean-Claude Halle :
"Journaliste Ecrivain" |
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